Bienvenue au royaume des mes errances, en vous souhaitant d'être touché.

mercredi 20 janvier 2010

Le coffret d'ébène

Chap.1 C'est un coffret spécial. Au fond du bois de son ossature, trois grandes planchettes d'ébènes clouées côte à côte. Le couvercle incrusté d'ivoire et de nacre disposés en fines lamelles triangulaire, brille à la lumière du soleil. Quand on ouvre cette boîte les soirs de lune, alors que tout semble bleu et blanc, on aperçois au coin, à gauche, un léger scintillement. En s'approchant, entre les lattes disjointes, on peut entendre, tout doucement, des doigts gratter le plancher. Il y a de l'eau dans le double fond. Elle tourne sans fin dans une ronde insensée. Frottant le fond d'ébène, le rongeant lentement. Inlassablement, le liquide tourne, raclant la barrière qui l'empêche de se répandre dans la boîte. Si cela devait arriver, le coffret de bois deviendrait si humide, en aspirant cette eau, que l'ébène rendu tendre, s'effondrerait sur lui même et noircirais les bâtonnets d'ivoires et de nacres.
A l'intérieur de cette boîte on peut cacher toutes sortes d'objets. On les dépose, on referme le couvercle, l'ivoire s'illumine un instant et lorsqu'on réouvre le coffret, il est à nouveau vide. C'est à la pleine lune qui suit, que cet objet seulement, sera au fond de la boîte; au dessus du mince filet d'eau argentée, qui grince dans ses couches inférieures. Vieux comme le monde, probablement issu du sein de la première inspiration et probablement présente lors de l'expiration finale; il, le coffret; elle, la boîte; se ronge d'érosion sans craindre de s'affaisser. Car parmi sa sempiternelle histoire, plus d'une vie raconte son immortalité.


Chap.2 Jamais encore un enfant ne l'avait possédée. Paul que l'on prononce Pôle, a tenu un journal, ou en tout cas quelques chose qui s'en rapproche. Un jour que j'ouvrais le coffret à l'orée de la nuit, j'eus la surprise de ne pas le trouver vide. Un petit carnet de pages vierges gisait au fond premier. Je compris bien plus tard qu'il provenait en réalité des méandres insondable de la boite. Il me suffit de désirer en savoir plus pour voir le papiers se recouvrir de mots éparses, de plus en plus nombreux, écris à l'encre rouge, noircissant les feuilles blanches du carnet. Ma curiosité l'emportant sur la surprise, je commençait à lire.
Le jeune Paul Morgensteïn vivait sans ses parents, sa grand mère qui s'occupait de lui était morte durant l'automne. Il avait reçut d'elle une fortune considérable, et une vaste maison plantée sur plusieurs hectare de forêt. Il devenait seul survivant de son antique famille et unique propriétaire à l'age de seulement 13 ans, de 20 000 livres de rente qui accompagnaient la succession. A tête d'un bataillon de domestique, de deux précepteurs, d'une gouvernante et de nombreux paysans locataires de ses terres, le jeune Paul était sujet aux regards de tous. Suite à de mauvais choix concernant les affaires financières de la famille, sa grand mère avait donné la gestion de ses biens à l'abbé du village le plus proche.


Chap.3 C'est en jouant dans le grenier que Paul trouva le coffret, au fond d'un grande malle de voyage en osier. Soulevant une pile de draps jaunis par le temps et rongés par les mites. Il était là, oublié de tous depuis des générations d'opulences familiales. La fascination exercé sur le garçon par le coffret était sans limite, comme s'il était hypnotisé il passa le reste de la journée dans la poussière du grenier à tourner et retourner cette boîte, bercé par les miroitements de la nacre. Il croyait n'avoir jamais rien vu de si beau, adorant la couleur de l'ébène. C'est alors que vint Milly sa gouvernante, elle l'avait cherché tous l'après midi:
-Voyons Monsieur Paul nous vous cherchons depuis des heures, l'abbé vous attend dans le petit salon pour quelques signatures.
Le garçon d'ordinaire tendre avec sa nourrice, lui répondis sèchement qu'il avait mieux à faire:
-Dîtes à l'abbé de déposer ses papiers dans le bureau de Madame, qu'il revienne demain, quand je les aurais lus.
-Mais Monsieur...
-Faîtes Milly!
Et il retomba dans un rayon de lumière empoussiéré assis dans les vêtements d'enfants qu'il portait à l'enterrement de sa grand mère, passant le reste de la journée dans la contemplation du coffret. Il finit par aller se coucher tard dans la soirée et déposa la boite sur sa table de chevet.


Chap.4 Le lendemain au aurore, Paul se réveilla avec un mal de jambe épouvantable, cloué au lit, il demanda qu'on lui apporte les papiers de l'abbé, ainsi qu'un vieux dossier sur lequel sa grand mère passait beaucoup de temps l'hiver de sa mort. Il s'agissait de l'organisation de sa demeure, comme pour une véritable entreprise tout y était consigné. Fiche des membres de son personnel, fonction dans la maison, paye et toutes autres activités liées de prés ou de loin au domaine. Il passa une partie de la matinée à retoucher cette organisation sous le regard amusé de Milly. S'irritant de cette familiarité, il lui reprocha de perdre son temps:
-Milly si vous souhaitez conserver votre emploi auprès de nous, veuillez trouver au plus vite quelque choses à faire. Vous reviendrez ce soir me dire ce à quoi vous vous êtes occupé. Dîtes à Antoine, de venir à mon service, c'est désormais lui qui s'occupera de moi.
Son ton ne laissant pas de place à la discutions la brave femme s'exécuta sans réfléchir et descendit à la cuisine pour participer à la préparation du repas. Antoine arriva un bon quart d'heure plus tard.
-Monsieur voulait me voir?
Antoine était le simple de la maison, c'était la bonne action de sa grand qui voyait en lui sa rédemption. Du haut de son mètre quatre vingt, il lui faisait penser à un gros cheval de trais, docile et fidèle. Il lui donna des consignes de routines quand à ses exigences, ses préférences culinaires, ses habitudes ou son emploi du temps, il lui recommanda de ne rien oublier, il serait intransigeant quand à la discrétion de ce dernier.
-Autre chose Monsieur?
-Non. Le matin vous me réveillerez à 7 heure. Disposez Antoine.
Après le déjeuné il reçut l'abbé à qui il fit noter certaines négligences dans l'avancement de ses affaires, celui ci ne trouva rien à redire tant le jeune Paul était remplis de son rôle de maître de maison et rentra chez lui plus soucieux que jamais d'assainir les comptes des Morgensteïn. Il appela ensuite Antoine et se fit descendre dans la salle de billard, ne pouvant toujours pas marcher, il s'assit dans vieux club Anglais face au bassin de la cours, gelé par le froid. Il pensait aux poissons que sa grand mère y avait fait déposer au printemps dernier.

2 commentaires:

  1. Super belle idée JG! Bienvenue au club dans le monde terrible de la blogosphère!
    je reviendrai cette nuit pour y lire à l'envi... *_*

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  2. Salut Cécile Je suis fier de t'avoir en membres de mon blog!!! A bientot

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