Bienvenue au royaume des mes errances, en vous souhaitant d'être touché.

vendredi 22 janvier 2010

35X45

Première Partie. Chapitre 3.


Sur le trottoir du carrefour des droits de l'homme les embouteillage n'en finissent pas de se perdre de vue. Elle décide pour une fois, de prendre le métro. Mais avant de rentrer elle doit faire quelques courses. La supérette du coin est à deux pas d'ici. En chemin, s'en cesse harcelée par les coups de klaxon d'automobiliste impatient elle n'aspire plus qu'à trouver un abris dans la grande surface. Une fois arrivée devant l'entrée, un homme sale, à genou sur une veille serviette, la supplie du regard, il tient dans sa main une pancarte quémandant à manger. Les portes coulissantes s'effacent pour la laisser rentrer, elle passe; sa plante sous le bras, décidée à trouver les engrais nécessaires. Nageant contre la foule des consommateurs effrénés, elle peine à atteindre les rayons qui l'inspire, les gens sont ponctuels, il est presque 7 heure. Lassée, après deux tours complets du magasin, ne trouvant pas sont compte elle interroge une employée avant de quitter les lieux. Elle s'éclaircit la voix, prenant l'air avertie.
« -S'il vous plait mademoiselle!
-Oui madame, que puis je pour vous?
- Voilà, je recherche un produit pour rétablir ma plante, vous-voyez elle est un peu faible. Il me faudrait une sorte de fortifiant.
- Je ne crois vraiment pas pouvoir vous aider madame, nous ne faisons pas ce genre d'article. Allez plutôt voir un fleuriste. Il me semble qu'il y en a un pas très loin d'ici, si mes souvenir sont bons, prenez à gauche en sortant. »
Dehors, désorientée elle prend donc sur sa gauche, le soleil se couche lentement, imposant peu à peu l'obscure couvercle de la nuit,
accompagnée d'une fine brume, humide. Elle se dirige au hasard, tournant au coin des rues, pensant y trouver son bonheur, mais chaque fois, pas de fleuriste en vue. Déçue, un peu perdue, elle commence à songer à retrouver sa route. Elle empreinte un grand boulevard, espérant y voir l'animation coutumière de ces grande artères. Personne, où tout juste quelques passant, fuyards pressés de rejoindre leur foyer, et des ombres noirs au loin, traversant le brouillard de plus en plus épais. Elle s'imagine être la soliste d'un roman de Dickens, plongées dans une sombre histoire au fin fond des quartiers de Soho. Elle s'attend à chaque instant découvrir le monstrueux visage de Mister Hide surgissant d'un recoin, une âme perdue, effrayante. Sous un vieux réverbère peinant à éclaircir la rue elle remarque une silhouette et s'approche pour lui demander sa route. A quelques mètre elle l'interpelle.
« -S'il vous plait, monsieur! »
Elle distingue deux yeux clairs de jeune homme, le regard perçant la nuit, se tourner vers elle, puis, croisant son regard se figer soudain, et traverser précipitamment, comme pour l'éviter. Seule, l'angoisse montante, elle remarque au loin l'enseigne brillante d'un hôtel aux allures sordides et, une curieuse lumière orange semblant venir d'un coin de la bâtisse. Une ruelle se dessine à mesure qu'elle avance dans cette direction. Sur place, une impasse sinistre s'ouvre devant elle, les pavés scintillants d'humidité. Au fond de cette antre poisseuse un étrange amoncellement de lianes, fougères et broussailles encadre une ouverture, c'est de là que provient l'orangeâtre halo. Attirée, curieuse, elle pénètre d'un pas dans la ruelle et commence à sentir de fort odeurs exotiques, sécurisantes, occultant l'aspect repoussant de l'endroit. Elle réalise alors qu'elle se trouve devant la boutique qu'elle avait tant cherché. Un fleuriste qui, selon elle, devait être charmant en plein jour. En y entrant Caroline découvre un monde à part où tout paraissait parfait. Une adorable fontaine coulait calmement au centre de la pièce, partout des oiseaux dans de mignonnes petites cages en fer blanc chantaient, créant des mélodies enchanteresques. Les parfums de la flore environnante se mariait ensembles en une multitude de communions envoutantes. Une voix de femme, douce et chaude, s'éleva dans l'air, elle semblait chargée de pollen, comme si toutes les semences de la pièce c'était réunies pour former une alliance délicieuse.
« -Bonsoir Mademoiselle »
Il apparaît alors à Caroline un coin de la pénombre qui se met à se mouvoir, lentement. Emplis de sensualité, une onde rousse semblait sortir d'un profond sommeil. Une femme d'une beauté mystérieuse était assise là les yeux clos. Elle était magnifique, portant une longue robe pourpre venant d'une autre époque, sa peau blanche était infiniment lisse et pure, ses cheveux fauves si brillant, qu'on croyait que c'est d'eux que provenait l'éclat de la lumière, ce safran intriguant. Quelle posture séduisante les mains jointes avec cette douceur infinie, et les miroirs de sont âmes toujours fermés, calmes, insondables. Elle fascinait, l'hypnotisait.
« -Bonsoir, je m'appelle Caroline »
« -Bonsoir, Caroline , elle marqua une courte pause et pris une douce inspiration Que puis je faire pour vôtre plaisir? »
« -Voila, j'ai avec moi cette plante, d'habitude elle est plutôt solide, elle est sur mon bureau, mais depuis ce matin...Elle doit être tombé car elle est abimée. Cela embête mon responsable qui m'a demandé de m'en occuper.
-Votre responsable?
-Oui monsieur Raymond, il est d'habitude assez désagréable, ne pensant qu'au travail, mais là j'avoue que cette pauvre plante m'a fait un peu pitié, - Très bien, je pense avoir de quoi vous satisfaire, tu as frappé à la bonne porte Caroline.»
Elle sort de sa poche une paire de une paire de lunette noire qu'elle enfile avec une sorte de soupir d'apaisement.
« -Viens, approche, je vais te donner ce dont elle a besoin. Oh, je vois, c'est une scindapsus aureus. C'est ce que je pensais, j'ai là exactement, ce que vous désirez. »
Glissant la main le long de ses hanches, elle remonte ses doigts de cire suivant la courbe désirable de sa nuque élancée et tire un fil d'or invisible et, du creux de sa poitrine un fin flacon en forme de corne d'abondance. Remplis d'une substance olivâtre, on aurai dit une déesse d'Ingres ornée d'un piment vert. Le cœur de Caroline battait à tout rompre, elle n'avait pas ressentie pareille émotions depuis ces années de collégienne, cette femme, mon dieu, quelle charme sauvage émanait de son corps.
« -Venez belle liane que vous rende votre force, prenez ceci en vous, vous vous sentirez mieux, vous revivrez. »
Elle accompagne le geste à la parole, débouchant le flacon, et, presque solennellement, verse son contenu au pied de la plante. L'acidité de la mixture trancha avec la douceur de l'atmosphère. Caroline, répugné par l'odeur, releva les yeux vers le visage de la femme. Elle paraissait moins détendue, on aurait dis quelle murmurait des psaumes inaudibles la tête basse. Drôle de personnage se dit-elle, au fond, elle lui faisait penser à son amie Catherine, avec sa vie un peu bohème elle était séduisante, mais tellement fatigante.
« -Combien je vous dois? » Demanda Caroline, attendant une réponse de son interlocuteur. N'ayant pas de réactions le silence tombe pesamment sur la pièce, même les oiseaux semblait s'être tus. Elle s'apprête à poser une main sur l'épaule quand elle aperçoit par dessus les lunettes tombantes de la fleuristes, deux sombres tâches entourant ses paupières. Il y avait un atroce vide comme si ses yeux n'avait pas d'orbite, inerte la femme paraissait morte. Cela ne se pouvait, elle avait vu ces yeux tout à l'heure, elle rêvait, ses sens s'embrouillait. Paniquée, elle fait volte face, cherchant un échappatoire, n'importe quoi, quelque chose, mais vite. Sortir, elle devait sortir d'ici. Elle avait mal au ventre.
« -Dix euros. »
La voix venait de derrière.
« -Cela fera dix euros.
Caroline jette un coup d'œil furtif par dessus son épaule. C'était elle.
« -Pardonnez mon assoupissement, il est tard, et je travail un peu trop. »
Tout paraissait normal mais un malaise persistait en elle. Elle tend donc à la jeune femme l'argent réclamé et s'empresse de quitter la boutique sans même un remerciement, sans se retourner. Il est presque 8 heure, la fatigue de sa journée de travail commence à se faire sentir, ses pieds la font souffrir. Ne trouvant pas le courage d'emprunter le métro pour rallier son appartement, elle hèle le premier chauffeur passant et monte en voiture. Sur la banquette arrière son calvaire n'en finit plus, le temps s'étire en de cruelles minutes, suffocantes. Pourtant, elle se retrouve chez elle en un clin d'œil, comme dans un rêve ou plutôt un cauchemar. Cette douleur au ventre, cette infecte impression de vide lui brise les jambes. La grande porte en bois de l'immeuble pèse une tonne et l'ascenseur est en panne, elle commence son ascension, à pied. Les escaliers semblent interminable, le bois grinçant des marches résonne dans le vide insondable de la bâtisse. Ses forces la quitte un peu plus à chaque mètre parcouru, ses oreilles bourdonnent, elle ne peut plus lutter. La porte de son foyer l'attend, là, devant elle, juste une volée de marche. Juste une nouvelle multitude de petites estrades à franchir, une à une. Elle doute un instant. Et puis, de toutes façon, elle ne peut pas rester sur le palier toute la nuit. Pourquoi est elle si faible? une marche. Elle n'est pas si vielle après tout! encore une. Peu être une mauvaise grippe? Trois. Mon dieu sa tête la fait souffrir! Quatre marches. Et son ventre! ce froid! ce manque! Un éclair lui frappe le visage, son sang l'abandonne, sa vie la
quitte. Pressentant sa faiblesse ses yeux tentent de trouver du secourt, un voile blanc l'aveugle. Sa plante l'empêchant de se saisir de la main courante, Caroline chute au bas des escaliers. Déchirant le silence, le pot d'argile rouge de la scindapsus se brise sur le palier, répandant à ses cotés une répugnante terre moite, noire. L'écho de la scène se perd au loin, seul les rumeurs de la nuit anime encore l'obscure cage d'escalier, le corps de Caroline gît au sol, inanimée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire